Choix joie photo enfant

Le choix de la joie


Citation joie danse Rolando Toro

Choisir la joie, facile à dire!

« Si c’était si simple, cela se saurait », te dis-tu peut-être au vu du titre de cet article, qui est par ailleurs le thème de notre dernière vivencia estivale de la saison. Je me disais la même chose (et je me le dis encore certains jours), avant de découvrir (ou re-découvrir) l’inexplicable paradoxe de la joie : quand elle jaillit, pure et sans cause, elle semble inépuisable, telle un soleil ou une source vive qui ne se tarit pas; à d’autres moments, le ciel semble s’obscurcir et la chaleur de la joie paraît avoir déserté nos veines, le bruit semble avoir recouvert le chant de la source. 

C’est dans ces moments-là qu’il est possible de choisir la joie !

La joie de vivre est notre état naturel

La seule chose qui nous sépare de la joie naturelle d’être, c’est l’idée que nous en avons et les efforts que nous pensons devoir faire pour l’atteindre. Tu as sans doute lu cela des dizaines de fois, qu’il s’agisse de la joie, du bonheur ou de l’Eveil.

« L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux », nous dit Dostoïevski. « Celui qui saura qu’il est heureux le deviendra tout de suite, à l’instant même. »

Certes, vivre, respirer, être au monde est un miracle. Oui, mais est-ce que je le vis comme tel? Est-ce que, comme Christian Bobin, je peux m’exclamer : « La vie est un cadeau dont je défais les ficelles chaque matin, au réveil »… et à chaque instant de la journée? Si ma réponse est non, alors je me sens séparée de la vivencia de la joie de vivre, de l’expérience intense et enivrante d’être vivante, point, sans rien à faire, rien à mériter, rien à éviter.

C’est le génie de la Biodanza d’avoir fait de la vivencia sa porte d’entrée première vers la pleine expansion de nos potentiels. Comment apprend-t-on à vivre? En vivant. Comment apprend-t-on la joie? En la vivant, encore et encore. Tu veux vivre la joie? Lâche tes concepts à propos d’elle et danse, danse ta vie !!!!!

Cela ne signifie pas qu’il faille nier les moments de rétrécissement et de contraction que sont la douleur, l’angoisse, le désespoir, au contraire. Ils ont le droit de danser à travers nous, comme les nuages traversent l’étendue du ciel. Mais un nuage, aussi noir soit-il, peut-il blesser l’azur, peut-il empêcher le soleil du cœur de briller? Comme le disait Hélène-Jeanne Lévy-Benseft, une grande dame de la Biodanza, « Dans un cœur vivant, la joie et la douleur ne se tournent pas le dos, elles se font face ». 

Oui, la joie est inclusive, alors que notre ego s’acharne à tenter d’exclure du ciel certains nuages trop gros, trop noirs, trop menaçants à son goût, s’indignant même qu’ils osent assombrir « son » ciel personnel…

Ce qui fait écrire à Frédéric Lenoir, dans son magnifique livre « La Puissance de la joie » (que j’ai dévoré au soleil ce matin 😉 ) : « La joie parfaite réside dans ce grand ‘oui sacré’ à la vie, dans la force du consentement. Ce n’est pas en refusant les souffrances de la vie qu’on trouvera le bonheur, mais en les acceptant lorsqu’elles sont inévitables et en comprenant que nous pouvons aussi grandir à travers elles. »

Le chantoir du cœur

Je ne sais pas pour toi, mais moi il m’a fallu  53 ans pour arriver à la terrible et terrassante conclusion que, malgré mes nombreux efforts pour donner le change, je ne serai ni François d’Assise, ni Sainte Thérèse (aucune des deux :-), ni même une petite sainte mineure du calendrier… Certains jours, surtout quand je me lève avec un mal de crâne carabiné, le grand oui sacré à la vie, à l’instant présent, me reste en travers de la gorge. Et quand certaines pluies acides de l’existence assaillent les pauvres rouages grinçants de ma personnalité, souvent je geins, je me révolte et cours tambouriner sur la porte du soi-disant « Bon » Dieu.

ChantoirPourtant, même dans ces moments-là, je peux choisir d’écouter la petite mélodie timide de la vie qui, tel un chantoir, continue son chemin sous la terre de mon indignation ou de ma déprime. Et que me dit-elle cette petite mélodie? Très peu de choses, parfois juste un mot (« Lâche », ou « Ecoute », ou encore « Je t’aime »), mais souvent c’est juste un silence qui s’immisce entre l’âme et la peau, un silence couleur de présence, de compassion, d’empathie pour cette forme unique du vivant que je suis et qui traverse en cet instant une épreuve unique, taillée sur mesure pour elle.

Oui, cette petite mélodie de la vie n’est autre qu’un consentement joyeux à ce qui est, ici et maintenant. Une capitulation de la tête qui réaffirme la primauté du Coeur Un, du coeur non séparé de la matière même du vivant. « A supposer que nous disions oui à un seul instant, du même coup, nous avons dit oui non seulement à nous-mêmes, mais à l’existence tout entière. […] Donc si notre âme, un instant, a, comme une corde, vibré et résonné de joie de vivre, alors toutes les éternités étaient nécessaires pour que cet unique événement ait lieu. »

Merci Nietzsche d’avoir écrit ces mots qui sont de ceux qui me portent dans les traversées de nuits noires, quelle que soit leur longueur, leur ampleur.

Si j’arrive à résister au réel (lui dire non) de moins en moins longtemps, à capituler de plus en plus tôt, c’est parce que la grâce m’a été donnée de toucher l’amour infini qui éclaire et imbibe de l’intérieur chacune de nos épreuves. Oui, même mes « non » les plus obstinés sont aimables, et aimés ! Et je peux donc leur dire oui.

J’ai cru ne pas pouvoir écrire cet article

Hier encore, je pleurais à chaudes larmes sur le constat des imprévisibles mais inévitables effondrements multiples et systémiques menaçant notre monde aux pieds d’argile, et j’entendais se lamenter  ma petite voix plaintive « Comment vais-je parvenir à écrire un seul mot sur le choix de la joie et animer une vivencia sur ce thème alors même que je suis en proie à une tristesse et une désespérance infinies? »…Soleil nuages noirs

Eh bien, vingt-quatre heures plus tard, force est de constater que cet article s’est écrit et que la vivencia est prête à nous faire danser. Et que tout cela me procure … une joie infinie! Non, décidément, rien n’est prévisible ici-bas, ni les petits effondrements individuels, ni les grands basculements de civilisations. La Vie a toujours le dernier mot, et c’est une joie de le lui laisser.

Alors je terminerai sur ces mots de Frédéric Lenoir que ce soir je fais miens, avec gratitude envers lui, envers toi qui me lis, et envers cette Vie qui nous relie :

« Parce que j’aime intensément la vie, toute la vie, je la sais infiniment précieuse. Parce que j’ai souffert et surmonté cette souffrance pour la transformer en joie, je connais le prix de la vie. Dès lors, je ne cesse de vouloir son plein épanouissement, non seulement pour mes frères et sœurs humains, mais aussi pour tous les êtres vivants. »

Ensemble, faisons le choix de la  joie !

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