Le Paradis Retrouvé -Biodanza Bruxelles

Le Paradis Retrouvé : thème de l’année 2023-2024


 « Pourquoi avons-nous fondé notre règne dans l’horreur quand notre règne est la jubilation de vivre? Notre règne est l’extase, le plaisir des caresses inconditionnelles; notre règne a le parfum des fruits et la saveur des fleurs. En nous, les rivières transparentes, les lèvres anxieuses, une brise dans les cheveux. En nous, l’étreinte, le contact, l’ami. En nous, le paradis. »

Rolando Toro Araneda

En nous le Paradis Citation Rolando ToroC’est à dessein que l’article consacré au thème de cette nouvelle année dansante s’ouvre sur une question, un « pourquoi » lancé par le créateur de la Biodanza. « Pourquoi avons-nous fondé notre règne dans l’horreur quand notre règne est la jubilation de vivre? »

Loin de moi la prétention de répondre à cette vaste et insondable question qui nous ferait faire des détours à n’en plus finir par l’histoire, la philosophie, la psychologie et la sociologie.

Par contre, je relève avec joie le défi de parcourir cette saison avec vous, sur le chemin dansant qui mène du Paradis Perdu au Paradis Retrouvé.

jardin paradis retrouvéLa nostalgie du Paradis

Comme toi peut-être, je porte en moi depuis l’enfance cette nostalgie du Paradis, ce sentiment profond et lancinant d’un « ailleurs » où règnent la paix, le bonheur éternel et l’harmonie entre les hommes. Cette nostalgie s’est exprimée en moi avant même que je découvre le mythe du Jardin d’Eden dont auraient été chassés le premier homme et la première femme.

[Petit clin d’œil à mon enfance nostalgique : aujourd’hui, j’ai baptisé notre jardin à l’orée de la forêt de Soignes, « Le Paradis Retrouvé ».]

Comme tout mythe, la Genèse nous parle de notre intériorité et se déroule dans un éternel présent. En l’occurrence, ce mythe-ci dépeint notre condition originelle d’êtres humains vivant en harmonie avec toutes formes de vie, dans un état de plénitude et de jubilation absolues.

A l’origine, c’est-à-dire à la source, nous ne faisons qu’un avec la nature, et avec notre nature. Les forces masculines et féminines vivent en parfaite symbiose à l’intérieur de nous.

Rater la cible

Puis vient le premier « ratage de cible » (c’est l’étymologie du mot « péché »), la première dissociation, aurait dit Rolando.  Notre cerveau pensant se met à tout couper en deux, autrement dit à opérer le première séparation, entre « moi » et « Dieu », entre « le bien » et « le mal ».

Eve la pomme et le serpentLe Ssserpent Sssusssure des penSsssées diSsssociantes… L’arbre de Vie est perdu, et remplacé par l’arbre de la connaissance de toutes les dualités, de toutes les séparations : la séparation corps-âme ou encore matière-esprit, la séparation entre le cœur et la raison, entre le masculin et le féminin, le sacré et le profane, la fatale dissociation entre la culture et la nature, à la base de la catastrophe écologique que nous vivons, et enfin l’opposition entre « je » et « les autres », credo de l’individualisme forcené.

Rajoutons à cela la culpabilité judéo-chrétienne qui découle de l’interprétation erronée du mythe de la soi-disant « chute », et cela nous donne un magnifique cocktail pour un « very bad trip » existentiel 😉 .

« La déconnexion historico-culturelle de la matrice cosmique de la vie est ce qui a généré historiquement, de façon successive, les formes culturelles destructrices. Tant la dissociation corps – âme ou matière – énergie, que la répression de l’expérience paradisiaque ont conduit à la profonde crise existentielle que nous traversons aujourd’hui dans le monde.»

Verónica Toro et Raúl Terrén

Ni hier, ni demain

ici et maintenant le paradisChercher le Paradis en regardant derrière moi, vers un passé idéalisé où tout était « tellement plus simple, plus beau, plus vrai » est un piège qui m’éloigne du seul temps où je puisse exister : ici et maintenant.

L’autre piège est de projeter le Paradis dans un au-delà qui viendra après : quand j’aurai perdu 10 kilos, quand j’aurai rencontré mon âme sœur, quand… quand….quand… A force de cancaner, on en arrive à mettre le peu d’espoir qui nous reste dans le mirage d’un paradis après la mort.

Mais le Paradis, c’est maintenant ou maintenant ! Pas hier ni demain ! Le seul temps où je peux voir, toucher, sentir. Le seul temps où mon cœur peut s’émouvoir du miracle de vivre, où mon regard peut s’émerveiller des petits et des grands jaillissements de beauté qui émaillent mon quotidien, c’est l’éternel présent.

Cet éternel présent est celui de la « vivencia », cette façon intense de plonger dans l’expérience de vivre et d’en ressortir transformé.  C’est le propos de chaque séance de Biodanza.

Tout est ouvert

Il est étrange que l’étymologie de mot « paradis », en passant par le latin et le grec pour remonter jusqu’à la Perse, nous ramène à un « jardin, espace clos ou enclos ». Comme si l’Eden était clôturé, protégé, inaccessible. D’où la légende des fameuses clés du Paradis.

porte du paradisA ce propos, j’ai investigué, et je dois  t’annoncer deux nouvelles : une bonne et une mauvaise. Je commence par la mauvaise : les clés du Paradis n’existent pas 😟. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas de clés, parce qu’il n’y a pas de porte ! 😅

C’est tout ouvert — et tout, tout vert, car toujours neuf !

A portée de main, de regard, de cœur, mais inaccessible par la raison et la seule volonté.

Le Paradis est toujours AVANT l’idée qu’on peut s’en faire, avant les mots, avant toute interprétation.

Qui peut décrire la saveur d’un fruit mûr, la musique du silence, le velouté d’une tendresse envers soi-m’aime?

La pureté du cœur, la candeur, l’innocence  seront représentées tantôt par des plumes d’anges, tantôt par un nouveau-né ou un agneau immaculé. Mais faire l’expérience de notre propre innocence, de notre communion avec tout ce qui vit, de notre bonté intrinsèque, bouleverse toutes les catégories du mental et met fin aux jugements incessants que nous portons contre nous-mêmes, et contre les autres.

Lorsque j’embrasse mes ombres à la lumière d’un cœur ouvert, elles s’évanouissent.

La vivencia du Paradis est aussi simple qu’elle est profonde. Et elle est intérieure.

Sortir de l’enfer-me-ment

sortir de l'enfermementLe mental dissociant a un don pour voir partout l’obstacle, la difficulté, pour créer des impasses et des dilemmes et ensuite s’en glorifier dans des auto-tragédies habilement mises en scène.

Comme le serpent qui se mord la queue (ahahah, le revoilà 🐍 !), nous nous refermons alors sur une petite portion de notre enfer privé (nos peurs, nos fardeaux, nos blocages…) au lieu de nous ouvrir au puissant flux d’énergie vitale qui ne demande qu’à pulser à nouveau en nous.

La triade magique « musique – émotion – mouvement » a le pouvoir de nous remettre dans le tout ouvert, dans l’espace intérieur où de nouvelles possibilités ne demandent qu’à naître, emportant sur leur passage les branchages morts et autres résidus du passé.

Tel est le pouvoir de la marche et de la danse : réveiller nos élans de vie, d’enthousiasme et de joie !

Faire un pas, puis un autre puis encore un, vers nos rêves, nos désirs, nos nouveaux possibles…

Voici ce que dit Henri Bergson à propos de ce passage de  l’enfermement vers le tout ouvert du Paradis :

« À l’opposé de l’âme close, qui peut aimer sa famille et sa patrie mais non l’humanité entière, l’âme ouverte aime l’humanité, mais elle aime aussi les animaux, les plantes, toute la nature.

Entre l’âme close et l’âme ouverte il y a l’âme qui s’ouvre. Entre l’immobilité de l’homme assis, et le mouvement du même homme qui court, il y a son redressement, l’attitude qu’il prend quand il se lève.»

Henri Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion

revenir à la vie par le mouvement

Réinventer le bonheur

Simple ne veut pas toujours dire facile.

Remonter la rivière jusqu’aux sources originelles, comme le font nos amis les saumons, demande un engagement et une implication certaine envers nous-mêmes, envers notre propre évolution.

« Face à l’abîme créé par les contradictions humaines, j’ai ressenti le désir d’accéder au paradis, un paradis partagé ; je ne pouvais concevoir une évolution solitaire. Je voulais trouver la source de l’Amour originel ».

Rolando Toro Araneda

Quand ce que nous avons appris entrave notre accès au Paradis, nous devons désapprendre, et parfois déconstruire nos vieux schémas enfermants avant de pouvoir reconstruire.

La Biodanza est une invitation tendre et ludique à réapprendre ce qui jadis nous était naturel : rire, chanter, aimer, danser, ouvrir les bras, recevoir et donner, rendre grâce, s’abandonner dans le giron de la vie…

Avec de moins en moins de peurs, avec de plus en plus de confiance.

Et surtout : en lien. Car le bonheur se réinvente ensemble.

Reconquérir notre paradis, ce n’est pas  travailler dur pour acquérir des tas de choses ou lire des tas de livres qui vont soi-disant améliorer notre existence.

C’est regarder d’un œil neuf nos antiques questions, « entrer dans un autre temps, faire silence à l’intérieur, amplifier notre perception, trouver le profond dans le simple, vivre l’instant, sentir la fécondité de nos actes.

SANS MAIS, SANS JE NE PEUX PAS, SANS POURQUOI. »      (Paula Roulin)

Oui, le Paradis est généreux, ouvert, aimant, naturel et toujours disponible.

Si nous lui disons « Oui ».

Rendez-vous au Paradis !

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