La vie se prend-elle au sérieux? 2


Photo Denis

La vie se prend-elle au sérieux ?

C’est là une tournure un peu provocante… Il n’est tout simplement pas possible de mettre une étiquette sur la vie. Et il est tout aussi impossible de mettre la vie dans un tiroir. Rien ne pourrait être assez vaste pour la contenir.

En posant cette question et en proposant de la danser comme nous l’avons fait, c’est nous que nous interpellons. Nous qui sommes une des innombrables manifestations de la vie, oui, NOUS ! Nous prenons-nous au sérieux ? (Chantez donc ce nous-nous-nous !!!)

Dit autrement : restons-nous capables de poser un regard amusé sur nos gesticulations quotidiennes ? Sur nos admirables élucubrations mentales ?

Prenons le temps de relire Christiane Singer si vous le voulez bien :

« […] Je m’efforce toujours, en marchant, de suspendre ce ratata intéressant que nous balbutie le gramophone radoteur de nos cerveaux et qui nous fait dire que nous pensons.

Une désignation bien fière pour ce ramassis de fragments, de réminiscences, de boutons à coudre, de ressentiments mille fois ressassés, de factures impayées, de ce qu’a dit Machin et de ce qu’a répondu Truc, d’associations simplistes;  il n’est rien de plus à notre esprit, ce fatras, qu’à l’océan la frange de déchets – bouteilles de plastique, boîtes de conserve, capsules et caoutchoucs – recrachés le long des plages.

Chaque fois qu’est branchée en moi cette radiophonie intarissable, je ne remarque rien de ce qui m’entoure, je rentre chiffonnée, vide – comme si  je n’avais cessé, les yeux bandés, de piétiner. Mais chaque fois, au contraire, que je suis vigilante et stoppe cette jacasserie (j’y suis parvenue de plus en plus souvent, ces temps derniers, et ma joie en a été profonde), l’air et le vent me traversent comme paysage;  je deviens vaste et tout a en moi son écho : le craquement des arbres qui se répondent par intervalles, les cris d’oiseaux qui rayent le ciel, le bruit de grain moulu que font sous mes pas les brindilles sèches. Alors, seulement, je me sais vivante. […] »

[Christiane Singer, Histoire d’âme]

Cet espace de liberté que nous avons dansé hier, le voyons-nous maintenant, ici, à notre portée, puisque « en nous » ? Alors zou, plongeons et… dansons !

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2 commentaires sur “La vie se prend-elle au sérieux?

  • Denis & Véronique Auteur de l’article

    Voici la plus belle preuve que la sagesse peut être profonde tout en restant légère…

    M E R C I . . . . . . . .

  • thierry

    Allez, je me risque à un commentaire, au risque de me voir décerner unanimement la grande Croix de Déshonneur (avec palmes et tuba..) de l’Ordre de la Sériosité…

    Mardi matin, au bout de la nuit (courte, bien trop courte!…), je me suis senti un peu (beaucoup?) perplexe… Est-ce vraiment ne pas me prendre au sérieux que de danser le farfelu en veillant soigneusement à respecter la consigne de « non sérieux »?…

    Bien sûr, les mots (sérieux, vie, …) ne sont que des mots, et chacun, quand il les prononce ou les entend, les colore à sa façon… Pour ma part, en écho à ceux de Christiane Singer, je sens que « ne pas me prendre au sérieux » c’est lâcher le « moi-moi-moi » et toutes les illusions qui l’accompagnent… Et me résoudre à l’évidence: je ne suis pas le centre du monde, l’homme n’est pas le centre de la Création, la Terre n’est pas le centre de l’Univers…Rien de ce qui « existe » n’est permanent. Tout se transforme sans cesse, à travers mille morts et mille naissances…Le monde est duel, le psychisme humain est fragile, la terre n’est pas un endroit sûr, la vie est souffrance (copyright Bouddha)… Ne pas me prendre au sérieux, c’est reconnaître que chacun est différent, mais que rien n’est séparé… C’est donc apprendre à m’ouvrir et à me relier aux autres, à tous les autres, à ceux que « j’aime » comme à ceux que « je n’aime pas »… C’est retrouver le vaste vertical sans renier l’existentiel… C’est renoncer à croire que je décide de quoi que ce soit et cesser d’essayer de comprendre et d’argumenter à tout prix… C’est me laisser enfin pleinement pénétrer par le Mystère, en accueillant avec gratitude le « je ne sais pas »… Et alors (on) je danse!…